L’ennui est souvent vu, à tort selon moi, comme un terme péjoratif. Pour beaucoup, il renvoie à un vide oppressant qu’il faut à tout prix combattre ou éviter… comme s’il y avait un danger imminent, tel le bord d’un précipice, qui guetterait celui qui s’en approcherait. En réalité, il y a deux types d’ennui : l’ennui pathologique  (douloureux et symptôme de la dépression) et l’ennui normal (synonyme d’oisiveté) qui concerne la très grande majorité de la population.

Nous sommes tellement nombreux à détester nous ennuyer, au point de nous agiter le plus possible afin de ne surtout pas nous retrouver « sans rien faire ». Nous utilisons habituellement deux types de stratégies pour parer à cet ennui : nous pouvons anticiper et planifier chacun de nos temps-libre ou alors réagir avec des habitudes bien ancrées comme par exemple le réflexe immuable d’allumer une cigarette ou un écran dès le moindre temps-mort (TV, smartphones, ordinateur).

Or, si nous nous laissons aller à ces périodes d’ennui, nous pouvons découvrir des choses nouvelles voire fantastiques sur nous-mêmes ou sur ce qui nous entoure ! Laissez-moi donc vous introduire quelques bienfaits de l’ennui…

1° L’ennui nous amène à développer une réflexion libre et autonome
Le cerveau fonctionne plus intensément durant ces phases d’ennui car il n’est pas dirigé par une habitude ou un cadre extérieur. L’ennui nous amène donc à réfléchir autrement, sans contrainte extérieure à soi et permet une réelle liberté de pensée. Cela peut être l’occasion de réfléchir sur soi, se poser des questions, chercher des réponses et mieux identifier ses besoins.

2° L’ennui permet d’être créatif
Face à une absence de cadre ou d’habitude environnementale, notre esprit se confronte au hasard de multiples pensées. Notre cerveau sort donc de ses habitudes et crée de nouvelles connexions neuronales. Imaginer, rêver, développer de nouvelles choses : des nouveaux projets (à petite ou grande échelle), de nouvelles idées et même parfois de nouvelles solutions à nos problèmes. Savoir s’ennuyer ce n’est donc pas rester fixer sur une idée mais au contraire, c’est aller plus loin, voir plus large et franchir une certaine autocensure.

3° L’ennui est un formidable outil pour gérer ses émotions
A l’heure où nous cherchons constamment à éviter de ressentir toute émotion négative, l’ennui peut être un temps nécessaire pour s’y confronter. Faire une pause lorsqu’on se sent mal est effectivement bon pour soi. Cela permet de ne pas ignorer son état émotionnel, de l’évacuer et donc de ne plus le traîner comme un boulet à l’intérieur de soi ; cela amène également à comprendre profondément pourquoi tel événement nous touche autant ; et cela permet aussi de trouver une issue positive : une solution concrète ou une leçon à en tirer. Plus nous nous laissons la possibilité de faire face à nos émotions de cette manière, plus nous nous habituons à les côtoyer et plus nous nous sentons renforcés dans notre vie.

Si ce sujet vous intéresse et que vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à lire l’ouvrage « S’ennuyer, quel bonheur ! » de Patrick Lemoine, psychiatre et docteur en neurosciences: http://www.armand-colin.com/sennuyer-quel-bonheur-9782200350406